Le Poème perdu, Le Cerf, 2018.
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Incipit
« Nous n’étions prévenus de rien, nous n’étions pas des comédiens
Il faudra se faire teindre les cheveux, tu sais
J’ai été petite un jour,
Maintenant que je vieillis,
J’arrive enfin à m’en souvenir
Mets ta main sur mon front, maman, je vais mourir après toi et j’ai peur
Montrez-moi vos mains, disaient les sœurs
Nous n’étions prévenus de rien, ne savions pas être petits
Et désormais, plus personne pour nous dire :
« Va te laver les dents »
Nous serrons les fesses, le ventre, nous montrons nos mains
Et j’entends le pas des soldats dans la cour
De face, de dos, nous montrons nos mains
Mets ta main sur mon front
Mes seins tombent
Des problèmes de bonneterie maintenant, avec l’âge
Un chant allemand dans mon ventre crie famine»
4e de couverture
« Creusant livre après livre son chemin d’écrivain et de femme, Laurence Nobécourt poursuit son œuvre littéraire avec deux textes d’une rare profondeur, à la recherche d’une véritable union entre l’âme et le corps. Dans Vivant jardin, elle entame, sous forme d’un dialogue à trois voix, une réflexion profonde sur l’écriture et sur l’amour. Comment concilier l’exigence de l’art avec la passion amoureuse? « Il faut une grande force pour aller légèrement vers l’invisible, pour unique ce qui a été séparé. »
Dans Le Poème perdu, Laurence Nobécourt (est-ce bien elle?) interpelle sa mère, et retrace la vie d’une femme moderne, luttant contre les injustices de la société et contre le temps qui passe. À l’occasion de la récitation de ce poème sur France Culture, voici ce qu’écrivait alors Télérama : « Un texte magnifique, ambitieux, surgi de ses tréfonds. L’aboutissement d’années de camouflage, de peur, de sentiment d’illégitimité face à la poésie. »
Auteur d’une quinzaine de romans et de récits (comme La Vie spirituelle, ou Grâce leur soit rendue), Laurence Nobécourt s’aventure pour les Éditions du Cerf vers une nouvelle forme d’écriture, poétique et sensible. Elle vit désormais au cœur des collines de la Drôme provençale, où elle a ouvert un atelier d’écriture dans le petit village de Dieulefit.»