« La vie est un divan sur lequel tous nos morts sont couchés. Et celui-là de 2016, le père ; mort le 31 mars, mort au seuil du mois nouveau. Il n’est pas entré dans avril, il est resté au bord du printemps de mon nom.
Après vingt ans de publication sous le pseudonyme de Lorette, je récupérais la vérité de mon prénom d’origine, Laurence, dont je signais pour la première fois un ouvrage, « naturellement » intitulé Lorette. J’y témoignais de façon brève, mais claire, des raisons qui m’avaient conduite à avancer masquée pendant tant d’années, et de cette grâce qui me venait désormais à me tenir dans l’éblouissement de mon nom, séparée de cette famille incestuelle dont je découvrais depuis peu combien toutes les familles, par essence, le sont. Certaines néanmoins plus que d’autres.
Le livre est sorti en librairie le 6, j’ai enterré le père le 7. Au moment précis où je reprenais en main mon nom, mon identité et avec eux mon destin, il s’est retiré du monde et m’a cédé la place afin que s’y révèlent la vérité et l’ordre de mes lettres. Rétrospectivement, il m’a semblé qu’à me manifester dans cette vérité et dans cet ordre, nous ne pouvions dès lors séjourner lui et moi en même temps sur la Terre.»
Dans ce recueil, neuf romanciers abordent ce que le « divan » leur suggère par le biais de la fiction romanesque, de l’autofiction ou du récit-témoignage. Aucun n’est psychanalyste. Certains s’inspirent de leur expérience, d’autres de celle d’un proche. Le lecteur, une fois dépassée la surprise, apportera son interprétation.
Chaque narrateur, dans le style qui lui est propre, va au-delà des clichés et tente d’appréhender ce qu’est l’expérience de l’intime dans le monde d’aujourd’hui. Ce sont les énigmes du corps que l’être parlant rencontre et tente de résoudre par le langage. Quel est le parcours singulier qu’un sujet peut réaliser pour répondre aux mystère du corps parlant?
Cet ouvrage n’apporte pas une solution générale aux impasses de la vie, et sa dimension inédite réside dans une question : quels sont les recours quand subitement la rencontre avec l’abîme nous plonge dans une profonde solitude?.