L’Avortement, 20 ans après

Albin Michel, 1995. (Sous le nom de Lorette Thibout). Préface de Benoîte Groult

Incipit

 «On part toujours de soi. Voilà qui est dit, voilà ce qui m’a conduite à faire ce livre. En novembre 1991, après avoir vécu un avortement, j’ai cherché un livre de témoignages qui me donnerait à comprendre un peu de ce qui m’avait bouleversée si profondément. Ce livre n’existait pas, j’ai donc décidé de le faire. La chose ne s’est guère passée autrement.
Qu’est-ce qui meurt dans l’avortement? Quel est cet indicible que les discours, aussi nombreux qu’opposés, ne cessent de masquer?
Il existe peut-être un réel de l’avortement. C’est le vécu de ce réel que j’ai souhaité mettre à nu. Car au-delà des débats pour ou contre l’avortement, au-delà des convictions, des contextes, qu’ils soient social, politique, religieux ou économique, l’avortement reste un événement marquant pour ceux qui le vivent, aussi bien pour les femmes que pour les hommes concernés. C’est la parole de ces hommes et de ces femmes qui est l’objet de ce livre.» 

4e de couverture

Il y a vingt ans la loi Veil donnait aux femmes le droit d’avorter. Aujourd’hui, ce sont plus de 150 000 avortements qui ont lieu en France chaque année. Si la législation a supprimé les risques médicaux et les angoisses inutiles, elle n’en a pas fait pour autant un acte banal ou anodin : il reste un événement intime dont on ne parle plus, si ce n’est sous son nom de code IVG.

C’est pour rompre ce silence que Lorette Thibout a donné libre parole à des femmes qui ont avorté, avant ou après la loi Veil, mais aussi à des hommes dont la femme ou la compagne a été confrontée à cette épreuve.
Au-delà des débats pour ou contre l’avortement, au-delà des convictions politiques ou religieuses, des contextes sociaux, ce livre est un recueil de témoignages bruts, riches en émotion et en vérité, qui sont autant de tranches de vie. Soudain réveillés, resurgissent des vieilles douleurs et des pans de mémoire occultés, qui nous bousculent bien au-delà des mots.