Louise Bourgeois autoportrait

La Voie du Verbe : L’ATELIER D’ÉCRITURE

On ne peut pas apprendre à écrire, on ne l’enseigne pas non plus. On peut seulement essayer d’entrouvrir cette porte invisible derrière laquelle se tient le ciel de l’origine que l’écriture convoque à chaque fois qu’elle articule ce dont le corps fait mémoire. Alors le verbe s’incarne dans la langue et l’Homme témoigne de l’être.

Ni développement personnel, ni formation à l’écriture, cet atelier d’écriture initiatique cherche la troisième voie, celle qui, implacable et impeccable, est au service du plus grand que soi, quel que soit le nom qu’à « ce plus grand » l’on donne.

Où l’enjeu n’est pas d’apprendre à écrire mais de s’approcher de sa propre langue, unique dans tout l’univers, singulière, par laquelle exister, un beau jour être heureux. Car même si l’écriture ne guérit de rien, il importe de chercher son royaume, et le reste elle le donne par surcroît.

Qu’est-ce qu’une langue ? C’est un élan, un rythme porté par le souffle, une profondeur précise, c’est du silence, une ouverture à l’autre par le biais d’une sensibilité singulière.

Qu’est-ce qu’un chemin d’individuation ? C’est un appel, des obstacles à dépasser, des portes à ouvrir, c’est un affranchissement par-delà les blessures pour sortir de la confusion et accepter la parole perdue. C’est une rencontre avec soi et partant avec l’autre.

En ce sens, l’écriture est thérapeutique. C’est-à-dire qu’elle « prend soin de l’être » pour dévoiler ce qui, de la vérité, nous est sans cesse dérobé.
Tressée au silence, à la lecture, à l’écoute intérieure, elle est, dans son essence, antinomique à l’idée de groupe que suppose tout atelier.
Cependant, c’est là l’occasion d’une communauté de conscience : lorsque d’être partagées les solitudes s’augmentent, et de s’augmenter ainsi ouvrent à une forme de confiance où peut s’épeler le nom de chacun.


Drôme (26)

Clôture dont les portes fermées ouvrent à l’intérieur de soi, l’atelier vise avant tout à entrer en résonance avec la question de l’être dont chaque singularité est une lettre indispensable à l’alphabet du monde.
Conçu comme un laboratoire alchimique, l’atelier se propose, à partir d’une multiplicité de pistes, de laisser ouverte la question de l’être tout le temps : ne jamais conclure, ne jamais rien achever, pas de promesse, pas d’échec, pas de menace, juste le vivant toujours ouvert, ouvert, ouvert.
Où l’on constate qu’écrire ce n’est pas produire des textes, mais être avant tout dans un certain rapport de vérité et d’intensité au monde.

Les Sessions

Il existe un mouvement YANG de l’écriture qui vise à nommer, traquant sous l’épaisseur du langage la vérité flamboyante de l’être ; mais également un mouvement YIN où la langue se fait coupe – graal – pour accueillir toute humanité en elle.
Écrire, c'est accepter d'entrer dans le mystère de ce PROCESSUS. Celui que chaque atelier reconvoque en déclinant les différents aspects de celui-ci :

Nommer

Assumer son NOM c’est oser nommer, soit oser aimer. C'est accepter de se séparer d’une chair d’origine pour aller vers son devenir sujet dans le plein épanouissement de la langue. Où l’on découvrira que l’écriture – dans sa fonction YANG – est un outil de descente en soi-même à travers les lettres de notre nom qui nous constituent et nous fondent ; mais aussi regard sur soi par l’exploration des mots actifs en soi-même, dévoilant l’ombre et la lumière à partir desquelles nous inventons les fictions de notre vie.

Recevoir

Oser voir c’est oser RECEVOIR, entre ombre et lumière pour aller à la rencontre de la parole. Comment entrer dans la banalité de notre exception ? En supportant d’accueillir la langue inconnue que nous portons en nous-mêmes, mais aussi la parole de l’autre. En s’offrant comme terre d’ACCUEIL où planter l’arbre des générations et trouver notre juste place. Ce chemin intérieur, c’est celui que la littérature emprunte dans un rapport à l’écoute que dévoile la fiction.

Engendrer

Engendrer c’est donner naissance à la PAROLE en offrant au texte le souffle de vie, ce que les Grecs nommaient « psyché » et les Hébreux « âme ». Comment rencontrer – pour l’habiter – le silence, et ce vide de l’écriture d’où peut surgir le nigredo, cette part d’ombre que tout individu porte en soi pour en dévoiler la lumière? C’est l’essence spirituelle du verbe que de mettre à nu cette part poétique irréductible en l’Homme qui fait de lui un être humain. Quelques mots, quelques phrases suffisent à ouvrir les portes de la poésie qui n’est pas un genre, mais un rapport au monde.

A chaque atelier, il s’agit d’expérimenter ce laboratoire qu’ouvre l’écriture vers la connaissance de soi, dans la découverte de ce qui entrave le déploiement de l’être. Écrire c’est se mettre en quête de sa langue qui est respiration, corps, souffle ; c’est forer en soi jusqu’à sa « clôture intérieure » dans un rapport intime aux mots. 

Quatre sessions sont proposées où les pistes sont progressivement espacées afin de s'approcher au plus près de la réalité de l'écrivain qui œuvre, solitaire, dans un certain retrait.

  • Session 1 : Littérature, kabbale, analyse sont au rendez-vous pour accompagner l'émergence du sujet par l'écriture.

  • Session 2 : L'arbre des générations entre en jeu, accompagné du tarot qui s'inscrit comme un support à l'écriture, à travers un référentiel de naissance propre à chaque individu.

  • Session 3 : Dans cette session, les pistes sont volontairement moins nombreuses afin de se rapprocher des conditions réelles du processus d’écriture qui doit se soutenir elle-même, sans répondre à l’exigence d’aucune demande ni attente de personne. Des entretiens individuels ont lieu pendant toute la durée de l’atelier.

  • Session 4 : Le tout est plus que la somme des parties. « L’homme renoncé », cher à Maître Eckhart, c’est celui qui est entré dans l’acceptation profonde de qui il est, dont la quête n’est plus tournée vers l’extérieur mais s’ouvre à sa pleine intériorité. Pour les plus aguerris, quelques phrases sorties d’un « chapeau magique » serviront de guide sur le chemin solitaire de l’écriture qui requiert autonomie et ferveur. Les entretiens individuels et la lecture partagée sont toujours au rendez-vous. Cette session correspond à la retraite d’écriture Plus d’informations.


    Il y a une logique à s’inscrire aux ateliers dans l'ordre chronologique, ceux-ci ayant été conçus dans le respect du processus d'écriture. Cependant, l'essentiel étant de se jeter dans celui-ci, le processus, il est tout à fait possible de réserver les sessions dans le désordre.

Comment se déroule un atelier?

L’atelier se déroule sur trois jours uniquement en résidentiel.
L’arrivée se fait sur place la veille, entre 17h30 et 19h, où un dîner permet aux participants de faire connaissance entre eux. Laurence Nobécourt est présente à partir du lendemain matin.
Le départ a lieu le dimanche autour de 17h.

L’atelier commence chaque matin à 10h et se poursuit à travers plusieurs propositions jusque vers 18h30.
Le dîner a lieu sur place autour de 19h30.

Les repas sont l’occasion d’échanger et de vérifier que l’écriture c’est aussi un rapport incarné et physique au monde. Il n’y a pas de littérature sans corps. Plaisir des sens, de la vue, du toucher, du goût, qualité du lieu.

Le premier jour de chaque atelier, un temps de présentation permet à chacun de s’apprivoiser avant de partir à la découverte de son rapport à l’écriture à travers son expérience singulière.

Les propositions sont faites aussi bien à partir d’un texte, d’une simple phrase, qu’à partir d’une tradition (tarot, kabbale), une expérience, un silence… selon ce qui est au travail.
Les temps d’écriture peuvent être plus ou moins longs. Après quoi viennent les moments de partage avec la lecture des textes de chacun.


Les Bergerons (26)

A la belle saison, on peut se baigner dans la piscine entre deux pistes d’écriture, avant de déjeuner ou de dîner sur la terrasse.
La possibilité de partager un ou plusieurs moments de grand air est également proposée au sein de chaque session afin de délasser l’esprit. En effet, on peut aisément se promener tout autour du domaine qui est en pleine nature.
En hiver, le feu de bois dans le poêle favorise la rêverie.
Chaque groupe ne dépasse pas 8 personnes afin que l’écoute et la disponibilité soient pleines et entières.

Découvrir le lieu et les informations pratiques (accès, hebergement, tarifs...)