«Oui, et puisque ma vie n’est devenue rien d’autre qu’un torchon gorgé d’eau frappé sur une table de bois.
Vingt-huit ans donc, toujours debout, avec le corps qui me travaille. J’attends le moment aigu où je ne pourrai plus rester chez moi, où il faudra sortir, aller au-devant du béton. Pourquoi faudrait-il être sage, et aussi, puisque les femmes sont folles, et puisque la nature a fait le sexe de la femme à la taille de tous les sexes d’hommes, comment se faudrait-il limiter à un seul? Je porte en moi le poids des chairs humaines. Oui, la vie me fait l’effet d’un torchon gorgé d’eau que l’on frappe sur une table de bois.»
« Oui, et puisque ma vie n’est devenue rien d’autre qu’un torchon gorgé d’eau frappé sur une table de bois.
Vingt-huit ans donc, toujours debout, avec le corps qui me travaille. J’attends le moment aigu où je ne pourrai plus rester chez moi, où il faudra sortir, aller au-devant du béton. Pourquoi faudrait-il être sage, et aussi puisque les hommes pensent que les femmes sont folles, et puisque la nature a fait le sexe de la femme à la taille de tous les sexes d’hommes, comment se faudrait-il limiter à un seul ? »
Irène réchauffée par le whisky et par les mots, parle toute une nuit. Serait-il possible de raconter une vie entière et unique, en si peu de temps ?
Le roman de Lorette Nobécourt, odyssée d’une femme, blues de minuit, laisse entendre une voix dans le noir de nos chagrins. Une voix liquide, cassée, houleuse, charnelle, tendre, folle, affamée, irriguée de jouissance et de larmes.