Presse (a faire)
« Je suis née du verbe, sans rituel ni sermon. Je suis née de ces après-midis blanches où, retirée à ma table, au centre du temps, j’écris ce qui ne peut se dire ni se taire. Les yeux fermés, habitée de mots, je descends dans les profondeurs de moi-même, à l’écoute de ce qui, aux confins de la chair, tente de s’articuler par l’esprit.
Mes pensées se roulent en boule tels des petits renards sauvages, ou s’éloignent à la manière des hérons qui traversent le ciel et disparaissent comme des lignes d’encre, dans un ciel diffus. Elles s’en vont loin. Je les perds, je me perds avec elle. Et ainsi je m’absente jusqu’à naître dans un autre monde une réalité différente où surgissent d’autres pensées que je ne savais pas m’appartenir. les mots me protègent en même temps qu’ils m’exposent. À cause des des mots et grâce à eux, je me sépare et je m’unis. Ils me séparent de l’arbre et me ramènent pat le mot « arbre », dans la solitude de ma chambre, à tous les arbres que j’ai connus. »
Laurence Nobécourt ne se paie pas de mots quand elle nous dit que l’écriture l’a sauvée : ce récit est un brûlant hommage à cette « voie du verbe » qui permet de se rapprocher de soi-même et de donner sens à la vie. Elle nous donne en partage les moments initiatiques vécus, autant de jalons sur cette voie escarpée : le corps exsudant la souffrance psychique; la quête perpétuelle du pourquoi de ce « chagrin des origines »; les années douloureuses à vouloir se perdre dans l’addiction; l’aspiration de la mélancolie mais aussi les lectures, gages d’ouverture de la ligne d’horizon; une nuit fondatrice sous l’emprise d’un champignon hallucinogène, où lui est révélée la réalité d’un monde qui n’est qu’amour – et qu’elle n’aura de cesse de retrouver dans l’écriture…
Dans cette prospection intime dont Laurence Nobécourt nous décrit les aléas, les rêves meurtris, les illusions et les éblouissements, une âme se met à nu sans tricher, toujours guidée par une foi aussi libre que fervente- et communicative.